Fatima Samlali

Il est toujours difficile de parler de soi-même, je suis artiste je pense depuis que je suis née, sans vouloir être prétentieuse, mais j’ai toujours adoré dessiner. J’ai toujours été attirée par cet univers qui était un petit peu inaccessible pour moi. J’ai voulu étudier l’art mais je parle d’il y a une bonne vingtaine d’années hein… donc ce qui était un peu difficile au niveau des académies.
Je suis une femme musulmane voilée et je pense être artiste jusqu’au bout des doigts mais quand je me présentais aux académies, on me refusait parce que j’étais voilée tout simplement et je n’avais pas la force à ce moment-là, à mes dix-huit ans, de combattre le système scolaire tout simplement.
Je me suis quand même tournée vers la communauté musulmane pour essayer de trouver un appui, de trouver peut-être une aide, un moyen d’entrer dans cette académie malgré tout, mais à ce moment-là, peut-être que c’est toujours d’actualité, parce que y a quand même une certaine ouverture et une certaine évolution, c’était absolument tabou et fermé. L’art, il fallait pas en parler. C’était pas quelque chose de sérieux, et ça restait du domaine un petit peu « illicite » pour la communauté musulmane.

[…]

Je ne pouvais pas faire d’étude de tout façon, parce que j’étais voilée, donc j’étais vouée à faire autre chose. Je me suis mariée, j’ai trouvé le bonheur. J’ai développé avec mon époux, l’Asbl « Les Fourmis », c’est une Asbl de scouts et guides musulmans, qu’on a tenue exactement vingt-sept ans. […] c’était un enrichissement, ce que j’avais remarqué c’est que l’art commençait à repointer le bout de son nez, je veux dire, au fond de mon cœur, ça me titillait.
Et les jeunes, c’est impressionnant parce qu’ils font ressortir ce qu’il y a au fond de toi, quelque part.

Donc, j’ai essayé de transmettre ce que je savais, ce que je pouvais, à ces jeunes. Mon époux, constatant cela, me dit : « non il faut…il faut que tu fasses quelque chose, il faut…on peut pas rester comme ça…c’est pas possible… ». Heu…on a entendu donc parler de l’Académie de Molenbeek […] c’était un endroit où je pouvais dessiner. En fait, je me suis pas posée beaucoup de questions, c’est un endroit où je pouvais dessiner, apprendre, aller encore plus loin, et ils acceptaient les femmes voilées.
Mon époux m’emmène, parce que moi, j’étais toujours hésitante […] il m’a littéralement déposée devant l’académie, il m’a dit : « tu rentres, tu t’inscris, tu ressors une fois que tu es inscrite ». Je suis restée devant cette porte, en train de mijoter, cogiter et après je me suis dis : « bon, je vais foncer, je vais y aller » (rire). Je me suis inscrite, et alors là, ça été…

C’était pour quels cours ?

En dessin et en pluridisciplinaire. Au départ, c’était pour créer une bande dessinée, c’était mon but.

Vous trouverez son interview en intégralité ici:

Retranscription

Comment peut-on entrer en contact avec cette artiste ?

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Dès qu’elle aura un profil :slight_smile: